La pluie ça tombe tout droit

Je suis pluviophile , “une amoureuse de la pluie qui ressent un sentiment de paix et de joie les jours de pluie”. La pluie est selon moi la métaphore parfaite pour la vie, de la rosée du matin à l’orage d’été de la fin de journée. Tandis que je regarde ce soir, contemplative, la pluie tomber, je me souviens que “c’est la pluie qui toujours réveille la mémoire” et c’est un souvenir (lié au dernier article qui a fait couler tant d’encre) qui m’envahit.

J’ai reçu des témoignages bouleversants sur la normalisation de l’enfance ou plutôt sur la tentative de “ rendre conforme” pour faciliter, selon la bonne conscience collective, l’entrée de l’enfant dans le monde de demain.

Le sujet a fait débat, entre ceux qui pensent que, pour pouvoir vivre dans ce monde, on ne peut laisser nos enfants “être” mais qu’on doit les “faire devenir” ; tandis que d’autres tirent la sonnette d’alarme, questionnant un monde conforme et lissé, où il s’agirait de survivre plutôt que de vivre en conscience…

Alors sous cette pluie battante, je me souviens.

J’ai 5 ans; je suis à la maternelle et je dois, comme mes petits camarades, dessiner la pluie. Je m’applique et l’enseignante s’approche, avec une moue dubitative :

- Recommences, me demande-t-elle.

Je redouble d’application, studieuse, en y mettant plus de cœur, de couleurs, de vie. Encore une fois elle se penche sur ma feuille et cette fois s’écrie, agacée :

-Mais elle ne tombe pas comme çà la pluie, ta pluie est penchée; la pluie, ça tombe droit, recommences!

Je suppose aujourd’hui qu’il s’agissait peut-être d’un exercice pour apprendre à faire des traits… mais du haut de mes 5 ans, je lui répondis :

-Quand le vent souffle, parfois la pluie tombe penchée, je crois...

Et elle me gifla.

Je me souviens parfaitement de ses yeux bleus furieux, de ma peur et mon incompréhension.

La pluie, ça tombe droit.

Ironie du sort, l’année suivante , on découvrit que j’étais aveugle d’un œil :ma vision d’alors était loin de la perception binoculaire de cette enseignante . Dans ma réalité , un trait oblique me paraissait tout à fait droit!

Autre temps, autres mœurs, me direz-vous; on ne gifle plus les enfants à l’école alors pourquoi ressasser une vieille histoire ? Il ne s’agit pas de dénoncer la profession d’enseignant, j’ai un profond respect pour eux.

Il s’agit plutôt de nous questionner sur ces gifles symboliques que nous donnons à nos enfants, à chaque fois que nous leur demandons de redessiner leur pluie…de chausser nos lunettes pour percevoir les choses de la vie, selon certains critères...

 

Et vous :

La pluie tombe -t- elle droite là où vous vivez?

Vous arrive -t-il de faire redessiner la pluie de vos enfants?

Quand avez-vous choisi de dessiner la pluie droite?

 

Je vous propose un petit délice transgressif :

Imprimez ce coloriage ou laissez vous inspirer sur une page blanche et lâchez-vous!

Dessinez votre pluie rebelle ( droite, penchée, grosses ou petites gouttes , pluie d’été ou d’automne, qui mouille ou pas!!! TOUT EST PERMIS)

Il me fera plaisir de voir vos oeuvres!

 

 

J’ai bien sûr, dessiné la mienne, trop tentant!

 

 

En dessinant ainsi ma pluie multicolore, m’est venue cette petite phrase: La pluie, c’est des confettis qui mouillent.

Tous à vos crayons!


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