La chronique du lundi: on déboulonne les croyances limitantes sur l'enfance

Accompagner un parent selon moi, c’est donner nos clefs de connaissances au parent , vulgariser notre savoir . Il ne nous appartient plus de détenir seuls ce savoir mais de le partager et de transmettre les messages les plus importants : comment l’enfant fonctionne, comment son cerveau se développe et ce , dès la vie intra-utérine . Ce dont il a besoin pour se développer harmonieusement .
Pour déboulonner les croyances limitantes transmises de génération en génération , et parfois même entretenues par des médecins et professionnels de l’enfance . Les neurosciences désormais nous confirment les intuitions géniales de nos prédécesseurs et il est temps de les faire savoir!
Plutôt que des trucs et recettes à appliquer, chaque parent pourra ainsi , avec ce savoir, faire preuve de créativité avec son enfant de façon unique !
Alors si on commençait tout de suite par déboulonner une première croyance ?

J’écoutais une maman de mon entourage il y a quelques années parler avec son nourrisson .
L’oncle qui l’observait hilare en lui demandant ; et tu crois qu’il va te répondre ; arrêtes donc il ne comprend rien? À cet âge , c’est des légumes …
Ce que les neurosciences nous disent et nous apprennent :
- Dès le 3 eme trimestre de grossesse l’appareil auditif du futur nouveau-né est mature et il discrimine parfaitement la langue maternelle , sa musique, ses mots et fait même la différence entre la langue de sa mère et une autre qu’il entendrait . Il la reconnaît déjà et nait avec cette capacité déjà câblée ! Il reconnaît donc les propriétés spécifiques de la langue de sa maman dans le ventre !
- Lorsque l’on parle avec le bébé , il reconnaît donc ce langage et y réagit . Il ne comprend pas le mot mais saisit l’intention , l’intonation , la prosodie ( la musicalité) et l’émotion portée .
- Le nouveau - né n’est absolument pas passif dans la discussion . Certes il ne répond pas avec des mots mais va être actif dans une danse communicationnelle élaborée , faite de regard plus intense , de sourire réponse , de petits cris , de modification du tonus postural et plus tard du babillage .
- 86 à98% du vocabulaire des enfants évalué à 3 ans provient directement du vocabulaire des parents et le style du langage , la longueur et la complexité des phrases , dépendant également fortement de ce qu’ils ont entendu .
- En effet en fonction de ce bain fourni par les figures d’éducation de départ ( parents le plus souvent ) on constate que certains enfants à 4 ans ont entendu 30 millions de plus de mots que d’autres .
- Or le niveau de langage oral à 3 ans prédirait la capacité de lecture à partir de 5 ans et la compréhension des textes à 8 ans …
-le bébé a besoin d’entendre les mots mais dans le contexte d’une relation , d’une interaction sociale: c’est à dire d’un autre en face qui le regarde . ( donc le mettre devant la tv ou lui faire écouter un programme spécifique sur votre tablette ne fonctionnera pas ! )
- On sait aussi qu’au delà des mots , le nouveau - né est sensible à son histoire et le bébé un peu plus tard … en ce sens je vous livre l’histoire du petit Nathan ( que vous pourrez retrouver dans mon livre : Il pleut à la maison , parler de votre santé mentale avec vos enfants ).
J’avais pris en charge ce petit de 14 mois qui refusait tout aliment solide , buvait un à deux biberons par jour … II ne présentait aucun signe de retard de développement particulier.
La maman souffrait d’ une dépression du post-partum et elle décrivait le détachement qu’elle pensait parfois bon de mettre avec son fils , pour le protéger de sa tristesse … elle ne voulait pas lui parler , peur de s’effondrer et convaincue qu’il ne comprenait pas … ce qui augmentait son sentiment de ne pas être une bonne mère comme un cercle vicieux infernal …
Il était évident qu’en miroir le bébé ressentait cette souffrance et s’interdisait de façon symbolique de vivre lui -meme , refusant de se nourrir , signifiant son malaise et son angoisse ( ce qui relève de ce qu’on appelle une dépression et anorexie du nourrisson) .
J’ai choisi d’écrire un conte pour ce petit : il y était question de lui , de comment il avait été désiré , attendu et que la distance voire la froideur qu’il ressentait de la part de maman n’avait rien à voir avec lui: qu’il était aimé . Je lui ai lu une première fois , puis sa mère et avec le père à quatre mains … je me souviendrai toute ma vie de cet enfant et de ce «cas ».Cela a été un moment fondateur dans ma carrière.
Dans la semaine qui a suivi il acceptait sa première cuillère de compote et de jour en jour , de semaines en semaines est devenu un véritable petit glouton. Un long travail de tissage de lien mère/ bébé a ensuite été nécessaire pour reconstruire ( je dirais construire même )une base relationnelle solide et sécure …
Au delà de ce cas qui paraît spectaculaire il n’y a aucun miracle ni magie … une théorie sur l’attachement , l’appui des neurosciences et des outils métaphoriques que tout parent peut acquérir !
Alors leçon 1:
le bébé dans votre ventre entend et reconnaît ce que vous dites
Parlez lui !
Cela crée le lien !
( et si vous avez déjà choisi le nom rien ne vous empêche de lui parler en le nommant déjà !)
Et Nous verrons avec la théorie de l’attachement que le lien est l’indispensable du développement du bébé !
Dès la naissance : parlez parlez parlez à votre bébé !
J’aime parler du bain de langage ( avec les mots , le regard , l’intonation , le pointage dans une conversation vivante !)
Oui le bebe prend son bain mais doit aussi baigner dans un bain de langage : il nait avec la prédisposition du langage et le développement de celui -ci et sa qualité va dépendre du bain environnemental dans lequel
Il sera . Avec vous
Donc tonton avait tort !!
Je vous laisse une petite vidéo du film Pupille où une travailleuse sociale prend le temps d’expliquer à un nourrisson son histoire …
Essentiel
( si vous êtes intéressés par les références des articles scientifiques n’hésitez pas à me les réclamer en mp ou dans les commentaires )
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